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J’aimerais partager avec vous l’un des poèmes les plus connus de la littérature française : Chanson d’automne et en profiter pour vous apprendre quelques termes pour parler de la poésie.
Ce poème est extrait de «Poèmes saturniens», un recueil de poèmes écrit par Paul Verlaine et publié en 1866. Il a été de maintes fois repris en chanson, notamment par Léo Ferré, Charles Trenet et Serge Gainsbourg.
La plupart des Français apprennent ce poème à l’école et le connaissent encore par cœur à l’âge adulte.
Il a également servi à annoncer le débarquement lors de la Deuxième Guerre mondiale sur Radio Londres. En effet, le 6 juin 1944, ces vers sont adressés aux résistants français chargés de saboter les installations ferroviaires et téléphoniques avant le débarquement des alliés sur les plages de Normandie.
CHanson d'automne - Paul verlaine
Lexique
- un sanglot = sobbing, sob
- blesser = to hurt, harm, wound
- une langueur = languor, lassitude
- suffocant = suffocating
- blême = pale
- sonner = to ring, sound
- se souvenir = to remember
- pleurer = to cry
- s’en aller = to go away, leave
- emporter = to carry away
- deça, delà = here and there
- une feuille morte = dead leave
Commentaire composé
Le poème Chanson d’automne est composé de trois strophes de six vers.
Chaque strophe alterne trois rimes différentes AA/B/CC/B et est composée de deux vers de quatre pieds suivis d’un vers de trois pieds.
Rythme
Les vers impairs (trois pieds) et quelques enjambements viennent perturber ce rythme régulier.
Un enjambement est un procédé rythmique qui consiste à reporter sur le vers suivant un ou plusieurs mots nécessaires au vers précédent.
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Allitérations et assonances
Une allitération est la répétition d’une consonne ou d’un groupe de consonnes dans des mots qui se suivent.
Par exemple : “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?” (Racine) est une allitération en S qui évoque le sifflement du serpent.
Dans Chanson d’automne, on trouve des allitérations en L, M et N qui confèrent au poème une sensation de langueur et de mélancolie.
On distingue également quelques assonances. Une assonance est la répétition d’un même son vocalique dans une phrase.
La répétition des sons nasaux ON et AN aux sonorités sourdes accentue la mélancolie et la musicalité du poème.
Première strophe
Dès les premiers vers, Verlaine personnifie l’automne et lui prête des sentiments : “Les sanglots longs des violons de l’automne“.
Les sanglots longs évoquent le bruit du vent automnal. Verlaine suggère le paysage au lieu de le décrire, un peu comme un tableau impressionniste.
Il fait une métaphore et met en parallèle le paysage extérieur (la nature, l’automne) et le paysage intérieur (l’âme du poète). La nature reflète les sentiments mélancoliques du poète et ses pleurs dans la deuxième strophe font écho aux sanglots de l’automne.
Deuxième strophe
La deuxième strophe est axée sur les sentiments du poète. Il suffoque, il blêmit. Il sent son heure approcher (= sa mort) ou il ressent une angoisse à l’idée que la jeunesse ou la vie n’est pas éternelle, que le retour en arrière est impossible car le temps, imperturbable continue sa marche.
La mort est symbolisée par «sonne l’heure» qui évoque le glas sonné par les cloches d’église pour annoncer la mort de quelqu’un.
Le poète exprime son angoisse de la fuite du temps par l’évocation de ses souvenirs, sa jeunesse, ses «jours anciens» et est alors emporté par ses sentiments et pleure.
Troisième strophe
Dans la troisième strophe, le poète est résigné, il se laisse emporter au gré du vent et se compare à une feuille morte. Il ne lutte pas et se laisse bercer par le vent «deçà, delà» avec une certaine légèreté, peut-être un soulagement, un abandon, comme une fatalité.
Le rythme de cette strophe donne l’impression de voir cette feuille morte virevolter, puis tomber doucement.
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Conclusion
Comme le disait Verlaine dans un autre de ses poèmes : “De la musique avant toute chose“. Ce poème nous chante à l’oreille avec des mots simples la mélancolie qui s’empare du poète à l’évocation du temps qui passe inexorablement.
De par sa construction, son rythme et ses figures de style, Chanson d’automne est un poème musical. D’ailleurs son titre CHANSON d’automne le confirme, ainsi que l’emploi dès le deuxième vers du mot VIOLON.
La symbolique de l’automne dans ce poème est omniprésente. L’automne est la saison qui précède l’hiver, où les arbres se dénudent et symbolise le lent et inéluctable prélude de la mort.
Chanson d’automne est certes un poème court et en apparence d’une grande simplicité, mais il se révèle puissant et témoigne de la modernité et du talent de Paul Verlaine.
Pour finir, je vous invite à écouter ces trois chansons qui reprennent à leur façon le poème de Verlaine.
Saurez-vous reconnaître le mot que dit Léo Ferré à la place de “blessent mon cœur” ? Dites-moi en commentaire si vous avez trouvé !
Je serais également très heureuse de lire en commentaire vos impressions sur ce poème !
Christine
I would like to share with you one of the most famous poems in French literature: Chanson d’automne and take the opportunity to teach you some terms to talk about poetry.
This poem is taken from “Poèmes saturniens”, a collection of poems written by Paul Verlaine and published in 1866. It has been sung many times, in particular by Léo Ferré, Charles Trenet and Serge Gainsbourg.
Most French people learn this poem at school and still know it by heart as adults.
It was also used to announce the landings during the Second World War on Radio Londres. Indeed, on 6 June 1944, these verses were addressed to the French resistance fighters in charge of sabotaging railway and telephone installations before the Allied landings on the beaches of Normandy.
Commentary
First of all, this poem appeals to us by its musicality.
Chanson d’automne (Autumn song) is musical in its construction, rhythm, alliterations and assonances.
Construction
The poem Chanson d’automne is composed of three verses of six lines.
Each verse alternates three different rhymes AA/B/CC/B and is composed of two four-foot lines followed by a three-foot line.
Rhythm
Odd-numbered lines (three feet) and a few enjambements disrupt this regular rhythm.
An enjambement is a rhythmic device that consists of carrying over one or more words needed in the previous line to the next.
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Alliterations and assonances
Alliteration is the repetition of a consonant or group of consonants in words that follow each other.
For example: “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?” (Racine) is an alliteration in S that evokes the hissing of the snake.
In Chanson d’automne, there are alliterations in L, M and N which give the poem a languid and melancholy feel.
There are also some assonances. An assonance is the repetition of the same vowel sound in a sentence.
The repetition of the nasal sounds ON and AN with their dull tones accentuates the melancholy and musicality of the poem.
First verse
From the very first lines, Verlaine personifies the autumn and lends it feelings: “Les sanglots longs des violons de l’automne” (The long sobs of autumn’s violins).
The long sobs evoke the sound of the autumn wind. Verlaine suggests the landscape rather than describing it, almost like an impressionist painting.
He uses a metaphor and compares the outer landscape (nature, autumn) with the inner landscape (the poet’s soul). Nature reflects the poet’s melancholic feelings and his tears in the second verse echoes the sobs of autumn.
Second verse
The second verse focuses on the poet’s feelings. He suffocates, he is pale. He feels his time is approaching (= his death) or he feels anguish at the idea that youth or life is not eternal, that turning back is impossible because time, unperturbed, keeps marching on.
Death is symbolised by “sonne l’heure” which evokes the tolling of church bells to announce someone’s death.
The poet expresses his anxiety about time flying away by evoking his memories, his youth, his “jours anciens” (old days) and is then carried away by his feelings and cries.
Third verse
In the third verse, the poet is resigned, he lets himself be carried away by the wind and compares himself to a dead leaf. He does not resist and lets the wind “deçà, delà” rock him with a certain lightness, perhaps a relief, an abandonment, like a fatality.
The rhythm of this verse gives the impression of actually seeing this dead leaf twirl, then fall gently.
Conclusion
As Verlaine said in another of his poems “De la musique avant toute chose” (music above all else). This poem sings to our ears in simple words the melancholy that seizes the poet as time inexorably passes.
Through its construction, rhythm and stylistic devices, Chanson d’automne is a musical poem. Moreover, its title CHANSON d’automne confirms this, as does the use of the word VIOLON in the second line.
The symbolism of autumn in this poem is omnipresent. Autumn is the season before winter, when the trees are bare and symbolises the slow and ineluctable prelude to death.
Chanson d’automne is a short and seemingly simple poem, but it is powerful and shows the modernity and talent of Paul Verlaine.
Finally, I invite you to listen to these three songs which take up Verlaine’s poem each in their own way.
Can you recognise the word that Léo Ferré says in place of “blessent mon cœur“? Tell me in the comments if you have found it!
I would also be very happy to read your impressions of this poem in comments!
Christine
Translated with the help of www.DeepL.com/Translator (free version)
6 Comments
Lestent mon coeur
d’une langueur monotone !
Comme cela est pesant… la blessure est si pesante qu’elle pèse comme un funeste poids sur le poète. Les sanglots, loin de vous délester de la souffrance, l’aggravent et pèsent lourdement sur son âme.
Quelle belle lecture de ce poème et qu’elle belle analyse des mots. Merci. YVES CIROTTEAU
Merci beaucoup de ce si joli commentaire.
Tout d’abord je vous dis infiniment merci.
A mon avis vous avez fait une très bonne analyse qui tient compte de la forme et du fond de ce beau poème. Vous avez su mettre en exergue la littérarité de ce texte à traves son aspect stylistique et sa musicalité. C’est une superbe réflexion. La mort, en tant qu’un avenir certain de l’homme est à l’origine de la tristesse du poète. Ce sentiment est-il pas le propre de tout homme?
Si. Intérieurement nous le faisons. Verlaine n’a fait qu’affiche sans détour son dégout pour la mort.
Valéry KEBA
Merci Valéry pour ce commentaire et pour vos réflexions sur ce si joli et pourtant triste poème 🙂
Christine
Merci beaucoup ! je devais présenter ce poème magnifique à l’école aujourd’hui et vous m’avez bien aidée !! Je veux vous partager une autre hypothèse : Paul Verlaine serait parti sur les routes, tel un vagabond.
Cette version est à approfondir je crois !
Merci encore !
Merci de votre commentaire 🙂 Oui effectivement, c’est une hypothèse qui mérite d’être développée ! Je le ferai un jour si je trouve le temps 🙂 Vous pouvez aussi proposer votre analyse en commentaire, je serais ravie de la lire !